exclusif – Raqqa is Being Slaughtered Silently
Daech estimait surement ne pas en avoir fait assez en détruisant les infrastructures éducatives de la ville de Raqqa, ou en ruinant les espoirs de toute une génération. Encore fallait-il qu’il la prive des droits les plus élémentaires, ceux-là même que les pays les plus pauvres du monde s’emploient encore à respecter.
Après avoir éteint les lumières de l’intelligence, l’Etat Islamique s’emploie à gouverner au nom de la bêtise et de la terreur.
Les djihadistes ont ordonné la fermeture des écoles durant de longs mois, avant de les rouvrir en imposant pour quasi seule matière l’étude de l’œuvre de Muhammad ibn Abd al-Wahhab, le père du Wahhabisme, écartant bien sûr tous les apports littéraires et scientifiques pour focaliser sur l’apprentissage de la doctrine de Tawhid wal Jihad (la doctrine de l’Etat Islamique).
Les combattants ont également édicté une nouvelle directive pour soumettre les enseignants à leur autorité. Ils sont ainsi tous convoqués dans certaines mosquées pour qu’ils fassent acte de repentance de ce que les dirigeants de l’EI appellent « la dépendance au système éducatif de l’infidèle Nusayri » . Comme si tous les professeurs avaient été membres des milices d’Assad, et les livres qui avaient jusque-là servi à l’éducation du peuple syrien écrits des mains même de Bashar et de sa clique. C’est faire peu de cas du système éducatif syrien qui prévalait avant la révolution et dont beaucoup louaient la qualité. Puis Daech est arrivé et l’a fait sombrer au cœur des ténèbres.
Aujourd’hui, les enseignants sont pris entre le feu des milices du régime et la lame djihadiste. D’un côté, la dictature d’Assad a arrêté de verser les salaires ; de l’autre l’Etat Islamique les considère comme infidèles s’ils ne font pas acte de repentance, allant jusqu’à les punir ou les exécuter et à s’approprier leurs maisons et tous leurs biens.
La bêtise de ces combattants confine au sublime quand ils exigent des professeurs retraités la même repentance, même s’ils n’enseignent plus depuis de longues années. Voilà qui en dit long sur l’absurdité tragique de la vie à Raqqa et de celles du corps professoral, coincé entre deux enfers.