exclusif – Raqqa Being Slaughtered Silently
Les membres de Daesh multiplient les opérations pour faire taire tous ceux qui se dresseraient contre l’organisation islamique. A Raqqa, la ville considérée comme « la capitale du Califat » prônée par les djihadistes depuis 2014, EI a multiplié les opérations de sécurité et tenté de faire taire la population civile, en utilisant tous les moyens possibles et surtout la terreur.
Un nombre important de Syriens est détenu dans les prisons de l’Etat Islamique sans que l’on sache dans quelles conditions sanitaires ils se trouvent, ni même s’ils sont encore en vie. Certains ont été emprisonnés pour apostasie et d’autres pour des raisons complètement imaginaires et invoquées par les membres des forces de sécurité de l’Etat Islamique, relayées par la cellule média de l’organisation. Cette dernière collecte le plus d’informations possibles, dans la rue comme sur internet, pour tenter de mettre la main sur les activistes, n’hésitant pas à les liquider sur le champ.
Une des tactiques fréquemment employée par les forces de l’Etat Islamique prend appui sur le réseau le plus important du monde : Facebook. En créant des pages et des groupes clamant publiquement leur opposition à Daesh, les djihadistes entrent en contact avec des militants qui combattent l’organisation dans le secret. A force d’échange, ils tentent de connaître leur véritable identité puis de mettre la main sur eux, s’ils se trouvent dans les rues de Raqqa. Pour que l’appât fonctionne et que leurs opposants soient convaincus, ils n’hésitent pas à divulguer des informations sur le fonctionnement interne de l’organisation. Une pratique récente, qui malheureusement porte ses fruits.
Récemment, un activiste a ainsi été arrêté par les forces de l’Etat Islamique. Après plusieurs jours d’échange sur les réseaux, ils ont réussi à le convaincre de donner sa véritable identité pour que le groupe puisse lui envoyer de l’argent et qu’il achète un nouvel ordinateur. Crédule, le
jeune homme a divulgué son nom et a été arrêté dans la journée sans que l’on sache ce qu’il est aujourd’hui advenu de lui.
Les membres du groupe « Raqqa Being Slaughtered Silently » ont dû faire face de nombreuses fois à de telles tentatives de manipulation. Celles-ci recouvrent souvent la forme d’un activiste prétendant détenir des informations importantes sur l’organisation islamique. Mais grâce à la vigilance des informaticiens qui composent le groupe, la provenance des communications – souvent un quartier où siègent les soldats de Daesh, permet de mettre à mal leur plan et de préserver la survie du collectif.
Cette technique basée sur la tromperie, les djihadistes l’emploient désormais à l’encontre des journalistes étrangers, qu’ils proviennent des pays arabes ou de l’occident. Ils tentent de les convaincre de venir dans des zones proches de celles contrôlées par l’Etat Islamique, assurant qu’ils garantiront leur sécurité et leur permettront d’obtenir des informations inédites.
Kenji Gotto, le journaliste japonais récemment exécuté, est tombé dans un tel piège. Depuis, le groupe islamiste a multiplié le nombre de ses pages et de ses comptes sur les réseaux sociaux.
L’Etat Islamique est sans cesse en train d’élaborer de nouvelles méthodes pour obtenir des informations sur ses opposants et faire la traque aux journalistes étrangers. Pour ces combattants, ils revêtent une valeur inestimable qui leur permet de faire face aux plus grandes nations de la planète en les exécutant froidement, comme ils ont déjà pu le faire à de nombreuses reprises.